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semaine des maths 2014

Les élèves, médiateurs lors de la Nuit Européenne des Musées

La Classe, L'oeuvre : le 16 mai au LAAC de Malo les bains.

"La Nuit européenne des musées est l'un des grands rendez-vous culturels organisés par le Ministère de la culture et de la communication. Créée en 2005, cette manifestation est placée sous le patronage du Conseil de l'Europe, de l'UNESCO, et du Conseil international des musées (ICOM). Elle invite les musées participants à ouvrir gratuitement leurs portes le temps d'une soirée et à proposer aux visiteurs un programmes d'actions culturelles spécifiques et des collections spécialement mises en valeur.

L'opération : La Classe, L'Oeuvre consiste à inviter les élèves à étudier une oeuvre d'un musée de proximité en amont de la Nuit européenne des musées afin d'en concevoir une médiation qu'ils auront l'opportunité de présenter aux visiteurs le soir du 16 mai."

Quand nous avons découvert, les élèves de 1ère L enseignement de spécialité et moi-même, que l’œuvre à présenter serait Compression de voitures de César, nous avons envisagé différents types de dispositifs de médiation. Alors que l’an passé, la présentation de La Tempérance de Niki de St Phalle avait orienté assez vite notre intervention vers la performance, nous avions envie cette fois-ci d’exposer des supports fixes.

Au-delà de dispositifs bi ou tridimensionnels, puisqu’il s’agissait de présenter une sculpture, c’est bel et bien la notion de « compression » et d’altération violente des formes originelles qu’elle entraîne que nous avons voulu prendre en compte. Après avoir, pendant un temps, pensé compressé réellement des objets et leurs matériaux, nos pratiques documentaires liées aux images diffusées sur internet ont orienté notre curiosité vers la compression virtuelle des images, et ce pour différentes raisons.

De la compression mécanique à la compression virtuelle

Quand, à partir de 1960, le sculpteur César propose ses « Compressions dirigées » réalisées à la presse hydraulique, il provoque le scandale par ce geste iconoclaste en direction de l’automobile, devenue l’icône de l’esthétique de la société de consommation. Nous étions donc à la recherche d’un procédé qui aurait cette valeur sur le sens du modèle choisi.

Alors qu’il paraissait peu probable d’engager des moyens physiques et d’envisager des modèles matériels qui auraient l’impact de ce que proposait César, cela est devenu envisageable, si seule l’image du modèle était endommagée. Ma pratique usuelle des logiciels de traitement d’images tels que Photoshop ou Gimp a éveillé mon intérêt pour l’algorithme de compression JPEG.

Celui-ci a été mis au point pour pouvoir archiver, transférer, mettre en ligne sur les réseaux, des images en présentant un compromis satisfaisant entre le respect de l’esthétique du document et la taille du fichier enregistré. Pour autant, qui n’a jamais remarqué sur internet, des images de mauvaise qualité, parce que très compressées par cet algorithme ? Assez vite, des artefacts parasitent l’image sous forme de grilles de carrés dûes au principe de compression avec pertes de données.

Alors que d’ordinaire le but recherché est d’enregistrer une image avec le moins d’artefacts possible, nous allions expérimenter la démarche inverse : dégrader l’image au maximum avec son taux de compression le plus élevé. Ce procédé, semblant « mécanique » tout comme la presse hydraulique, demanda en réalité la mise en place d’un protocole expérimental, que voici :

Testé à l’identique, à la fois sous Photoshop et Gimp, c’est ce dernier qui apporta les compressions les plus spectaculaires et inattendues. L’image modèle est d’abord réduite en taille dans un ordre de grandeur de 300 par 400 pixels dans une résolution de 72dpi, elle est ensuite enregistrée en JPEG avec un niveau de qualité 0, c’est-à-dire avec le taux de compression le plus dommageable. Ce fichier est fermé, puis réouvert dans le logiciel et réenregistré de nouveau avec un niveau de qualité 0. Cette opération est répétée une 3ème fois. Enfin ouvert une 4ème fois, le fichier est rééchantillonné (agrandi artificiellement) au format proche du A3 imprimable (3508 x 4961 pixels en 300dpi). Voilà pour ce qui est du protocole.

Pour lire la suite du texte, notamment la présentation de la démarche des groupes d'élèves

Marc Trotignon, professeur d'arts plastiques